mardi 5 juin 2007

Premières notes

Je me présente, je ne m'appelle pas Henri. Je suis gendarme dans une brigade proche d'une grande ville, dite brigade périurbaine.
Cela me trottait dans la tête depuis un moment, puis je me suis enfin décidé, ou plutôt j'ai enfin pris pris le temps, de créer cet espace.
Mon intention est de faire partager mon travail à ceux qui me liront, ou devrais-je dire
notre travail, tant celui-ci ressemble à l'activité de milliers d'autres brigades de France. Quand je parle de "travail", je devrais plutôt dire que je souhaite faire part à tout un chacun des situations, événements, dramatiques ou drôles, tragiques ou légers, auxquels nous sommes parfois, souvent, confrontés.
Le travail du gendarme est trop souvent réduit à sa partie la plus visible, celle où on le voit au bord de la route traquer l'infraction. Mais ce n'est, et de loin, pas que ça. Et c'est justement la variété de ses missions, la diversité des personnes qu'il rencontre, la richesse des contacts qu'il noue, la multiplicité des situations auxquelles il est confronté, les nombreuses interventions qu'il doit gérer, qui font du gendarme un observateur hors pair de notre société. Le gendarme s'endurcit mais il ne reste pas moins humain. Ce n'est pas abusé que de le considérer comme "le dernier rempart". Dernier rempart de cette société qui se délite, dernier rempart de notre République qui subit bien des misères, dernier rempart d'une certaine humanité face à l'injustice.
Cette dernière peut revêtir différentes formes et relever de nombreux domaines. Celui de la gendarmerie est le pénal. Malheureusement le gendarme doit aller au-delà, parcourir d'autres terrains, afin de combler les lacunes de tierces structures, de pallier les défaillances d'autres administrations. Bien souvent, le citoyen n'ayant pas eu de réponses de la part de ces interlocuteurs se retourne vers nous, persuadé que nous serons en mesure de lui apporter, à défaut d'une solution, une aide. C'est ainsi que l'on prend toute la mesure de la mission qui nous est confiée, que l'on constate, malheureusement je dois dire, que le social prend trop souvent le pas sur le pénal et que les termes de "dernier rempart" prennent tout leur sens.

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